Après le rebond avorté de Wall Street ce soir (consécutif à la baisse des taux aussi tardive que téméraire), on peut commencer à faire quelques prévisions sérieuses sur nos indices dans la zone Euro. Pour cela, premier réflexe, on regarde le taux de change euro/yen afin d’avoir un petit bilan de santé du carry-trade et des vélléités acheteuses dopées à la liquidité presque gratuite made in Japan. Or, ce qui en ressort est assez moche puisque la bougie du jour montre un réel échec (avec sa longue mèche) en haut de rebond et sous la MM20. En clair, ca va surement dégazer dès cette nuit à Tokyo, direction 156 yens/euro demain matin … Ceux qui ont shorté cette cross aujourd’hui seront ravis!
Coté CAC 40, c’est clair après le régime de faveur qu’on a eu aujourd’hui: -1.32% quand le DAX n’en perd que 0.3%, on a compris que les traders ont un sentiment plus que négatif sur la place parisienne. Et quelque part, on l’a bien cherché avec les déclarations protectionnistes stupides sur un éventuel rachat de la SocGen « désormais protégée par l’Etat ». On voudrait des ennuis avec « nos voisins européens » qu’on ne s’y prendrait pas mieux, en particulier après voir laissé un PDG raconter tout et n’importe quoi en matière de propos diffamants et de dépréciations bidon sur nos chaines TV publiques. Par contre, ceci ne change rien au fait que l’Euro-Stoxx 50 a de grandes chances de passer sous le cap des 3750 dans les délais les plus brefs. D’autant que les vendeurs savent bien que la FED vient de tirer la dernière de ses « grosses cartouches » … Des statu quo sont sans doute au menu dans les mois qui viennent de ce coté de l’Atlantique, et l’attention va donc se porter sur Trichet et Darling. Un indice dans ce sens: on commence à emettre des turbos sur la cross EUR/GBP!
« direction 156 yens/euro demain matin… »
Ce serait pas sympa pour nos amis nippons qui finiront un jour par ne plus pouvoir investir en Europe. Un tel scénario est mal venu l’année où la France célèbre ses 150 d’amitié avec le pays du Soleil Levant.
C’est très bizarre, comme raisonnement: si le yen est faible (170/euro), nos « amis nippons » doivent en débourser beaucoup pour investir chez nous en zone euro. S’il remonte (150/euro), nos valeurs leur apparaitront beaucoup moins chères et ils seront plus tentés de les acheter …
En fait, le change euro/yen mesure autre chose: les occidentaux utilisent les liquidités japonaises à 0.5% comme moyen de tirer les indices à la hausse (le fameux « carry-trade »). Ce taux de change est donc une mesure de l’appétit pour le risque des opérateurs occidentaux.
Mon raisonnement est bizarre car je ne suis pas aussi experte que vous.
En revanche, ce dont je suis sûre, c’est que les 110 yens/euro étaient beaucoup plus confortables pour les « investisseurs non boursiers » (je tiens à le préciser). Investisseurs en art, par exemple.
150Y reste trop élevé pour relancer certains marchés. Tenez, juste pour exemple: vous en voyez beaucoup des touristes japonais qui viennent consommer leurs yens convertis en euros à Paris? Moi non.
Tout à fait d’accord avec vous pour ce qui est des touristes: une autre facon de le dire est que « le déséquilibre du change euro/yen est devenu insoutenable ». Il faudra donc le rééquilibrer à la baisse, ce qui nous fera vraissemblablement un retour sous les 150 à MT.
En fait, on est assez d’accord! Sauf que pour ramener le taux de change sous les 150, on devra faire passer le CAC sous les 4500 dans un premier temps … Ca ne fera pas plaisir a tout le monde.
Ou bien, pour passer le taux de change sous 150, ne faudrait-il pas que le gap entre les taux directeurs de la BoJ et de la BCE se réduise? J’imagine que si la BCE suivait la FED, le yen remonterait un peu plus vite…
Eventuellement … Mais si cela se produit, soyons prets à payer le litre de sans-plomb, les pates et tout ce qui contient des métaux précieux ou semi-précieux nettement plus cher pour cause de dépréciation de la devise.
Plein de gens qui réclament des baisses de taux semblent oublier que la devise est avant tout un bien public: plus elle est forte, plus l’épargne des citoyens est valorisée, c’est-à-dire que ceux-ci sont capable d’acheter plein de choses à prix raisonnables sans trop puiser dans leurs réserves. On a un peu trop oublié que lorsque Keynes a écrit ses théories sur la « stimulation par le crédit », les gens thésorisaient comme des fous et c’était un vrai problème pour les dirigeants de parvenir à les faire dépenser … (faut bien les comprendre, il y avait eu de longues guerres avant)