La « préposée » aux annonces dignes de la méthode Coué a encore frappé : Christine Lagarde, ministre française de l’Economie, a « démenti » dimanche les « insinuations » de Laurent Fabius sur le fait que le gouvernement prendrait des mesures de lutte contre les déficits après les élections municipales.
Déclaration tout de même à double tranchant pour le gouvernement : certes l’annonce d’une politique de rigueur ramène rarement des bulletins de vote, mais la France a besoin d’urgence d’affronter la réalité de son déficit budgétaire. La population en est de plus en plus consciente.
L’ancien Premier ministre socialiste avait affirmé dimanche sur Radio J que la France s’était engagée auprès de ses partenaires européens à prendre, après les municipales, des mesures pour « combler les trous » budgétaires, qui devraient entraîner des augmentations d’impôts.
« Le 11 février, il y a eu une réunion au niveau européen des ministres des finances », à laquelle assistait Christine Lagarde, a expliqué M. Fabius au Forum de Radio J.
« Vous savez que la France a été mise en accusation à cause de ses déficits. (…) « La tonalité du débat qui a eu lieu c’est +Ecoutez, laissez-nous passer le cap des élections municipales, et ensuite nous prendrons des décisions+« , a déclaré M. Fabius. »Toute l’Europe attend que le gouvernement prenne une série de décisions qu’on cache aux Français« , a ajouté l’ancien Premier ministre.
« Je démens catégoriquement ces insinuations. L’engagement que j’ai pris vis-à-vis de nos partenaires européens, c’est celui de poursuivre les réformes engagées, et rien d’autre« , a déclaré en retour Mme Lagarde. « On insinue des choses qui seraient cachées et consenties à nos partenaires européens. Je trouve ça totalement malhonnête« , a-t-elle ajouté.
Peut-être, Madame Lagarde, mais concentrons-nous sur l’élément le plus important : les ministres des Finances de la zone euro ont appelé le 11 février la France à respecter son engagement d’équilibrer ses comptes publics d’ici à 2010. La France doit « faire en sorte d’atteindre l’objectif en 2010« , avait souligné à Bruxelles Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe (forum qui regroupe ces ministres).
La France devra donc parvenir à un déficit zéro en 2010, et non en 2012 comme elle l’envisage dans son scénario privilégié, mais uniquement « si les conditions cycliques » le permettent.
Paris estime que la baisse de la croissance rend cet objectif probablement hors de portée. L’excuse semble toutefois peu recevable aux yeux de plusieurs de ses partenaires européens, opposés à ce que Paris argue du ralentissement économique en cours pour retarder le retour à l’équilibre de ses comptes publics.
« Nous avons exprimé l’avis unanimement partagé que la France doit renforcer sa consolidation budgétaire et son niveau de dette« , a dit le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker en ajoutant que les ministres des Finances de la zone euro appréciaient les réformes structurelles mises en oeuvre.
Mais l’Allemagne et des Pays-Bas, deux pays figurant parmi les « bons élèves » de l’Europe en matière budgétaire ont toutefois adressé les remontrances les plus vives à la France.
« Nous nous sommes mis d’accord à Berlin en avril de l’année dernière » pour équilibrer nos comptes publics d’ici 2010, a ainsi déclaré le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück aux journalistes. « Les grands Etats membres en particulier devraient avoir obligation d’atteindre l’objectif de moyen terme, au plus tard en 2010« , a-t-il ajouté.
« La confiance de la population en Europe n’augmentera que si les règles sur lesquelles nous sommes tous tombés d’accord sont respectées par tous les pays, les petits comme les grands« , a renchéri le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos, en prévenant qu’il n’accepterait aucune excuse des Français sur l’objectif de 2010.
Le président français Nicolas Sarkozy avait été le premier, en juillet 2007, à commencer à revenir sur l’engagement de 2010, pris par les pays européens pris en avril 2007, avant son élection. Paris vise à présent plutôt 2012. Ce qui irrite nombre de ses partenaires.
« Nous faisons tous les efforts possibles pour parvenir à l’équilibre en 2010 mais dans la situation actuelle il ne faut pas se raconter d’histoire, ce sera très difficile, indépendamment de notre volonté« , avait encore averti la ministre française de l’Economie Christine Lagarde dans un entretien au Figaro. « En un an, la situation a beaucoup évolué et s’est fortement tendue« , a estimé Mme Lagarde.
Le ministre néerlandais s’est dit peu convaincu par l’argument du ralentissement de la croissance dans le monde et en Europe. « Le problème est que les Français ont demandé » un report « avant même qu’il y ait un affaiblissement » de l’activité, donc « je ne pense pas que ce soit la vraie raison », a dit M. Bos à Bruxelles.
L’Espagne, l’Autriche et Chypre notamment, ont également invité la France à respecter la règle commune.
Pour sa part, sans citer la France, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté les pays de l’UE à « continuer à réduire les déficits budgétaires » malgré le ralentissement de l’activité, dans un communiqué publié à l’occasion de l’Eurogroupe. Il a mis en garde contre des « réactions précipitées », en particulier « une stimulation artificielle de l’économie européenne ».
En septembre dernier, Jean-Claude Juncker, avait critiqué le manque d' »ambition » de la France en matière de réduction de son déficit public, à l’issue d’une réunion à Porto. « Nous pensons que les ambitions dont la France a fait preuve (…) ne correspondent pas tout à fait au niveau des attentes qui est le nôtre« , a lancé Juncker en rappelant que les engagements pris à Berlin pour 2010 devaient être honorés. « La France devra amplifier son effort de réduction de la dépense publique« , avait-t-il ajouté.
Les réformes structurelles engagées par la France « vont dans la bonne direction et sont de nature à augmenter le potentiel de croissance« , mais « nous pensons que réformes structurelles et amélioration budgétaire doivent aller ensemble« , avait ajouté le ministre des Finances et Premier ministre luxembourgeois. « Cela demande des efforts des autorités françaises et cela demande une pression des pairs qui se poursuivra » a également fait remarquer le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.
La France ne prévoit le retour à un quasi-équilibre en 2010 que si la croissance atteint 3% à compter de 2009, une performance qu’elle n’a plus atteint depuis la période 1997-2001 et avec laquelle elle ne semble pas près de renouer, puisque la Commission prévoit une hausse de l’activité de 1,9% seulement pour 2007.
Sources : AFP, Reuters
Christine Lagarde vise le poste de 1er ministre, selon les rumeurs marseillaises qui auraient été lancées par son compagnon Xavier Giocanti. le remaniement ministériel d’après municipal semble lui donner raison puisque la voilà à la tête d’un gouvernement dans le gouvernement.
En attendant, elle continue, inlassablement, à porter les (fausses) bonnes nouvelles et à nous seriner avec ses heures supplémentaires et l’augmentation du nombre d’entreprises créées.
Que cette méthode Coué ne fonctionne pas sur les français importe peu. Madame le Ministre pense-t-elle que c’est susceptible de mieux marcher sur nos partenaire européens?