Des actionnaires américains ont déposé une plainte devant le tribunal fédéral du district sud de New York contre le groupe européen aéronautique et de défense EADS, lui reprochant un défaut d’information en 2005 et début 2006.
La plainte a été déposée par le cabinet d’avocats Coughlin Stoia Geller Rudman & Robbins LLP.
Suspecté de délits d’initiés pour la vente partielle en 2006 de sa participation dans EADS, le français Lagardère est quant à lui désormais menacé d’une action en justice du Crédit Mutuel qui avait repris à l’époque une partie des titres du groupe européen aéronautique.
Selon le communiqué du cabinet d’avocats, tout au long de la période comprise entre le 17 janvier 2005 et le 13 juin 2006, « EADS a assuré, de manière erronée, aux investisseurs qu’il surmonterait les problèmes techniques rencontrés lors de la production de l’A380 et qu’il serait en mesure de respecter son calendrier de livraison ». « En outre, le groupe a fait de nombreux commentaires positifs qui décrivaient l’amélioration de ses performances financières », a ajouté le cabinet.
« Selon le texte de la plainte, ces déclarations étaient matériellement fausses et trompeuses parce qu’elles ne rendaient pas compte du fait que la société rencontrait des retards insurmontables dans le processus de fabrication de l’A380 ».
Pour rappel, le 13 juin 2006, EADS avait annoncé un nouveau retard, de six à sept mois, des livraisons prévues de son avion géant A380, et indiqué que l’impact amputerait 500 millions d’euros de bénéfice d’exploitation entre 2007 et 2010.
L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a bouclé fin mars une enquête sur une affaire de délits d’initiés liées à des ventes d’actions intervenues durant cette période.
L’enquête vise les deux actionnaires principaux privés de EADS, le français Lagardère et l’allemand Daimler, et 17 dirigeants actuels ou anciens de EADS et sa filiale Airbus. Le groupe EADS est poursuivi en tant que personne morale pour défaut d’information financière.
L’AMF compte se prononcer « au cours du premier semestre 2009 » sur d’éventuelles sanctions.
Le Crédit Mutuel projette quant à elle d’assigner en justice Lagardère le 16 juin prochain, dans le but de faire annuler la vente en avril 2006 d’actions que la société française de médias détenait dans EADS.
Lagardère a annoncé mercredi avoir reçu une lettre d’un avocat s’exprimant au nom de plusieurs sociétés du Crédit Mutuel. « Dans ce courrier, il menace Lagardère de faire annuler par le tribunal de commerce de Paris les ORAPA (obligations remboursables en actions EADS) émises par Lagardère en avril 2006″, a-t-il écrit.
Lagardère a décliné l’offre d’une négociation faite par cet avocat. « Lagardère ne cédera pas aux menaces du groupe Crédit Mutuel », a-t-il prévenu.
Les titres concernés, représentant 7,5% du capital d’EADS, avaient été cédés à la banque de financement et d’investissement de la Caisse d’Epargne, Ixis, qui les avait ensuite replacés auprès de différents investisseurs, dont la Caisse des dépôts, la Caisse nationale des Caisses d’Epargne et le Crédit Mutuel.
Cette vente avait eu lieu deux mois avant le plongeon du cours de l’action EADS en juin, suite à l’annonce de nouveaux retards du programme d’avion géant A380.
Sources : AFP, Reuters