La Poste envisage de changer son statut d’exploitant autonome de droit public pour celui de société anonyme, rapporte le quotidien Le Monde dans son édition datée de samedi.
But affiché : financer sa croissance à l’approche de la libéralisation du marché européen du courrier en 2011. Avec une dette de 5,8 milliards d’euros, la Poste s’estime pénalisée face à ses concurrents pour financer sa croissance.
Espérons pour nos amis postiers, que ce changement de statut ne prenne l’apparence de la Venus de Milo, et que les bras ne leur en tombent à l’annonce de telles mesures.
« Le président de l’entreprise, Jean-Paul Bailly, a mis à l’étude la transformation du groupe (…) Ce projet, très délicat à mener sur les plans juridique et surtout, politique et social, est élaboré depuis plusieurs mois dans la plus grande discrétion », écrit le quotidien. Il précise que « plusieurs réunions de travail ont eu lieu avec des représentants du gouvernement » mais que « le dossier est loin d’être tranché ».
« Un schéma acceptable par toutes les parties » prévoirait le changement de statut en même temps qu’une ouverture du capital du groupe avec une part importante d’actions réservées aux salariés, comme lors de la mise en Bourse d’EDF en novembre 2005, selon le Monde.
La Poste réfléchit à une évolution de son statut pour devenir une société anonyme, a confirmé vendredi à une porte-parole de l’établissement public, après ces informations de presse.
L’adoption d’un nouveau statut est présentée par le groupe comme une nécessité pour faire face à la libéralisation totale du marché du courrier, prévue en 2011.
D’ores et déjà, la fédération Sud-PTT « condamne avec la plus vive énergie tout projet de changement de statut de La Poste (…) qui la pousserait inévitablement dans une logique exclusivement financière, une logique incompatible avec le service public ».
Sur la foi de l’article du Monde qui « relaie un bruit qui court depuis quelque temps dans les couloirs de l’entreprise publique », Sud-PTT appelle à la création d’un collectif « contre la privatisation du service public postal ».
Sud-PTT minimise l’importance de la dette au regard des 20 milliards de chiffre d’affaires du groupe et de son résultat net d’un milliard d’euros.
Interrogé par l’AFP, l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a de son côté indiqué que « rien n'(était) décidé ». « Il est normal de réfléchir à l’avenir de La Poste. Mais, à l’heure actuelle, il n’y a aucun calendrier ou décision de prise », a-t-on ajouté de même source, en précisant que ce changement de statut était « une proposition de La Poste ».
« Je n’ai pas de ligne arrêtée sur ce sujet. Je n’examine un projet que sur la base d’une étude sérieuse », a ajouté la ministre, assurant ne rien savoir des réflexions de La Poste: « Le président ne m’en a pas encore parlé ». « Ce dont je suis sûr, c’est que le service public de La Poste doit être maintenu et préservé. Dans ce cadre-là, réfléchir à des évolutions du statut, c’est certainement très profitable pour l’organisation de La Poste, de la Banque postale dont on vient d’évoquer un certain nombre de contraintes et d’obligations », a ajouté la ministre interrogée.
« Il ne faut pas immédiatement parvenir à des conclusions qui entraîneraient des préjudices pour le personnel ou des suppressions d’emplois », a ajouté Mme Lagarde, au sujet du tollé syndical que suscite déjà ce projet.
« La plupart des entreprises européennes ont fait évoluer leur statut, (…) certaines allant même jusqu’à l’entrée en Bourse, comme en Hollande ou en Allemagne », a expliqué Bercy.
Plusieurs opérateurs postaux européens se sont ainsi transformés en société par actions, à l’image de la Deutsche Post en Allemagne ou de TNT aux Pays Bas.
« La Poste restera une entreprise publique, et maintiendra ses missions de services publiques, notamment en terme d’aménagement du territoire, d’accessibilité bancaire, de distribution de la presse », a indiqué quant à lui Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’Industrie.
« Il est tout à fait normal qu’une grande entreprise, comme la Poste, réfléchisse à sa stratégie et à son avenir », a-t-il ajouté, rappelant qu’une ouverture totale du marché de la Poste interviendra en 2010 en Europe. Dans ce contexte, « il est légitime que la Poste réfléchisse à son évolution de forme juridique pour qu’elle prépare cette ouverture à la concurrence ». Cependant, le gouvernement à ce stade « n’a pas été saisi d’un projet précis de la part de la Poste », a indiqué le secrétaire d’Etat à l’Industrie. Mais « il est disponible pour examiner avec elle les éventuelles propositions d’évolutions sur l’organisation juridique de l’entreprise, ou sur le fait de lui donner des moyens supplémentaires pour investir, nouer des partenariats, pour préparer l’ouverture à la concurrence ».
Sources : AFP, Reuters