L’URAX à contre-courant

Ce n’est surement pas la première fois (ni la dernière) qu’il apparait une dissonnance prononcée entre les media généralistes et la réalité du marché; néanmoins celle-ci est suffisamment grosse (mis à part la bulle immo, mais là, il s’agissait de manipuler la populace pour que certaines professions fassent des choux gras avec l’aval du pouvoir élu) pour qu’on s’y attarde un peu. Qu’on en juge: depuis quelques mois, nos jités débordent plus d’infos « nucléaires » qu’un bassin du Tricastin. Or, l’indice URAX des grandes sociétés de production (World Uranium Index), voir ci-contre, dégringole depuis une bonne année sans donner aucun signe de ralentissement … Pourtant, meme notre Anne Lauvergeon nationale s’évertue à faire savoir que 2008 devrait etre un « grand cru » pour les sociétés yellow-cake.

L’indice a cloturé vers 775 vendredi soir; ce qui est franchement bas, mais loin des minima ou il peut plonger si la tendance lourde (en vert) se maintient en compagnie de la fluctuation (ci-contre). Celle-ci peut encore produire 200 points de baisse, auxquels s’ajoutent les -3 points journaliers dus à la tendance. Autant dire que l’heure n’est pas propice pour rentrer sur l’indice! Chose encore plus étrange, ce dernier n’a pas profité du rebond de ces derniers jours, comme par exemple l’indice écolo WOWAX qui avait pourtant bien dégusté depuis des mois.

Une autre particularité de l’indice URAX n’est pas visible à l’oeil nu: en gros, c’est un indice « lent » pour lequel les cycles longs dominent complètement le spectre (un autre très bon exemple de ce genre est l’EPRA Eurozone). Sur la figure ci-contre (en bas à droite), on voit le spectre de Fourier en fonction des fréquences: l’énergie est bien concentrée dans la zone rouge correspondant aux fréquences très basses (l’abscisse est en échelle log). Par contre, les fréquences intermédiaires (le grand graphique de gauche) sont presque uniformes! Ceci est très rare, et si quelqu’un a une idée pour interpréter ce phénomène, je suis preneur … Mon avis est que cela signifie que nous avons des investisseurs « lourds » travaillant à long-terme, mais aussi des rotations de portefeuilles à MT/CT qui servent par exemple à gérer des fonds d’investissement « matières premières » ou des certificats du type celui de la SocGen … En tout cas, cela rend l’extrapolation de l’indice bien plus aisée, mais ce ne sert pas à grand-chose parce que nous n’avons pas de produits baissiers à disposition.