Un « accord de principe » aurait été trouvé entre le gouvernement équatorien et le groupe pétrolier hispano-argentin Repsol YPF pour permettre à ce dernier de maintenir son activité dans le pays, a-t-on appris jeudi de source proche des négociations.
Pour rappel, le 31 octobre dernier, l’Equateur a mis fin de manière anticipée au contrat qui le liait avec la compagnie hispano-argentine Repsol YPF pour l’extraction de 60.000 barils de pétrole par jour. Cette mesure faisant suite à l’échec des négociations pour la révision du contrat.
Repsol YPF et le gouvernement équatorien ont signé jeudi un un pré-contrat transitoire d’un an permettant au pétrolier de rester présent en Equateur, a déclaré à la suite un porte-parole du groupe.
« Le contrat est un contrat de production, et il existe la possibilité de le transformer en contrat de service » au bout d’un an, a ajouté le porte-parole, confirmant des informations obtenues plus tôt dans la journée de source non officielle.
Le litige entre le gouvernement et le groupe portait sur la nature du contrat. Jusqu’à l’arrivée du président socialiste Rafael Correa, élu en novembre 2006, les 13 compagnies pétrolières opérant en Equateur étaient régies par un contrat de participation. Elles assumaient tous les coups d’extraction et reversaient 18% de la production de cru au pays.
Alors qu’elles ne reversaient que 50% des bénéfices extraordinaires liés à la hausse du prix du pétrole à l’Etat équatorien, ce dernier s’est fait fort d’obtenir une nouvelle répartition de ces gains.
Le contrat de prestation de services prévoit au contraire que l’Etat garde la mainmise sur le pétrole, et négocie avec les compagnies les coûts de production et la répartition des bénéfices.
Dans cet optique, l’Equateur a souhaité renégocier l’accord concernant Repsol pour en faire un simple contrat de service. La compagnie pétrolière ne serait plus alors propriétaire du pétrole qu’elle pompe, mais serait payée comme prestataire de services.
Le contrat en question porte sur l’extraction de quelque 60.000 barils de pétrole par jour d’un bloc de production dans lequel Repsol détient 35%, ce qui lui octroie une part d’environ 18.000 barils. Les partenaires du pétrolier sont les chinois Opic (31%) et Sinochem (14%), et l’américain Murphy (20%).
Le ministre Derlis Palacios a précisé lors d’une conférence de presse que la compagnie avait accepté « toutes les conditions de l’Etat équatorien« , et précisé qu’en cas de confirmation du contrat de prestation de services, dans un an, elle pourrait opérer dans le pays jusqu’en 2018 et non 2012 comme prévu initialement. Celle-ci s’engagerait en parallèle à investir 315 millions de dollars, alors que le taux d’imposition aurait été diminué.
L’Equateur a accepté de renégocier avec la compagnie après l’intervention du gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. « Compte-tenu des bonnes relations que nous avons avec le gouvernement espagnol, nous avons accepté de recevoir » les représentants de Repsol, a ainsi déclaré Derlis Palacios.
A la fin du mois dernier, lors d’une conférence de presse, ce dernier avait annoncé que « l’‘Etat équatorien avait pris la décision de mettre fin à sa relation de travail avec Repsol », « il s’agit d’une rupture anticipée« , avait-il alors précisé. « Malheureusement, nous n’avons pas pu trouver un accord avec Repsol (…) Ils ont constamment changé de critères, et nous n’avons pas pu négocier« , avait-t-il ajouté.
Rappelons toutefois que le ministre des Mines et du Pétrole d’Equateur, Galo Chiriboga, également vice-président de l’OPEP, avait été remplacé début octobre par le président Rafael Correa. « Des progrès importants ont été réalisés en matière de politique pétrolière, mais nous estimons qu’il est bon de changer. Le moment de la relève est arrivé car nous n’avons pas encore terminé les négociations« , avait alors déclaré le président Rafael Correa au cours d’une cérémonie marquant la passation de pouvoirs entre M. Chiriboga et Derlis Palacios.
A son poste, Galo Chiriboga était notamment chargé de renégocier avec les 13 compagnies pétrolières étrangères présentes en Equateur les contrats les autorisant à exploiter des gisements dans ce pays. Des différences de point de vue semblaient être apparues entre le président équatorien et son ministre, le premier étant partisan d’une ligne plus dure à l’égard des compagnies étrangères.
S’inspirant fortement de la politique menée en Bolivie et au Venezuela, le président socialiste de l’Equateur, Rafael Correa, a remis en question, depuis plus d’un an, les contrats liant l’Etat équatorien à quelque 13 compagnies pétrolières étrangères, exigeant notamment une répartition plus juste des bénéfices.
Si l’Equateur est certes le plus petit membre de l’Opep, il demeure néanmoins le cinquième producteur sud-américain, avec une production totale de quelque 508.000 barils par jour au premier semestre 2008, dont plus de la moitié (366 000) ont été exportés.
Sources : AFP, ATS