Provocation, volonté de faire cesser l’hyprocrise ambiante autour du dossier nucléaire iranien alors que les Six grandes puissances sont fortement intéressées par les ressources énergétiques de l’Iran ? Stratégie russe pour semer la pagaille entre les pays membres de l’Union européenne en tuant dans l’oeuf les projets susceptibles d’amoindrir sa suprématie gazière ?
L’ex-chancelier allemand, Gerhard Schröder, ami très proche de Vladimir Poutine, par ailleurs président du comité des actionnaires et membre du conseil de surveillance du North Stream pipeline, vient de déclarer que l’avenir du gazoduc européen Nabucco serait prometteur … dans la mesure où il pourrait être rempli avec du gaz iranien.
Une déclaration qui intervient alors que Barack Obama n’a pas exclu de devoir recourir à l’option militaire contre l’Iran.
« Je salue la réalisation du projet Nabucco car nous avons besoin d’importations supplémentaires de gaz en Europe. Les gazoducs North Stream et South Stream ne manquent pas de gaz naturel. Tandis que le projet Nabucco ne sera un succès que s’il est rempli avec du gaz iranien« , a annoncé M.Schröder au IVe forum eurasiatique d’énergie Kazenergy.
Histoire de dire que sa réalisation est impossible politiquement parlant, dans le contexte actuel de tensions accrues avec l’Iran ? On voudrait plomber le projet qu’on ne s’y prendrait pas autrement …
En juillet dernier, l’émissaire spécial du département d’Etat américain pour l’énergie en Eurasie, Richard Morningstar avait affirmé que l’Iran ne pourrait livrer son gaz à Nabucco tant que le problème de son programme nucléaire n’aura pas été réglé.
« Puisque l’Iran élabore un programme nucléaire, il n’est pour l’instant pas en mesure de prendre part au projet Nabucco. On ne pourra évoquer sa participation qu’après le règlement de la question relative à son programme nucléaire. Et cette question doit être réglée par la voie politique », avait alors expliqué le diplomate américain. « Nous n’écartons pas l’éventualité que du gaz iranien soit livré pour Nabucco », avait-t-il toutefois ajouté.
Selon le représentant du département d’Etat, le gaz destiné au gazoduc pourrait être livré par l’Irak, à hauteur de 15 milliards de mètres cubes par an à partir de 2015.
Rappelons que le projet Nabucco est le prolongement du gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum. Long de 3.300 kilomètres, il contournera la Russie (et c’est bien là le hic !)en partant d’Asie Centrale. Il traversera à la suite l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche et la Turquie en vue d’alimenter les pays de l’Union européenne.
La capacité annuelle du gazoduc atteindra 31 milliards de mètres cubes. Les livraisons pourraient commencer en 2014. Le coût du projet est évalué à 7,9 milliards d’euros.
Précisons que G.Schröder dirige depuis 2006 le comité des actionnaires de North Stream (Gazprom – 51%, Wintershall Holding AG – 20%, E.ON Ruhrgas – 20% et N.V. Nederlandse Gasunie – 9%), compagnie opérateur du gazoduc nord-européen. Ce projet a pour finalité la construction d’un pipeline reliant la Russie et l’Allemagne en passant par la mer Baltique, évitant ainsi la Pologne, la Lituanie et … l’Ukraine.
En cette qualité, l’ex-chancelier s’est occupé du soutien politique de North Stream dans l’Union Européenne, dont de nombreux membres se sont activement opposés au projet.
Sources : Ria Novosti, AFP, Kommersant/RBC Daily/Vedomosti
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