Cela pourrait être un gag, voire un poisson d’avril … si la situation n’était pas aussi réelle que préoccupante …
Alain Lamassoure, président de la commission des Budgets du Parlement européen vient de tirer la sonnette d’alarme mercredi : le budget de l’Union européenne est «au bord du défaut».
Les grands contributeurs s’avèrent peu enclins à augmenter leur participation alors même qu’ils ont été fortement mis à contribution pour sauver l’euro, a ainsi averti Alain Lamassoure.
Au cours d’un point de presse au Parlement européen avec le commissaire au Budget Janusz Lewandowski, le président de la commission – rappelant que la Commission européenne devait présenter le 26 avril sa proposition pour le budget 2013 – a laissé entendre qu’il était «peu probable» que les Etats acceptent une augmentation.
Précisons que pour 2012, les Etats ont d’ores et déjà imposé un budget d’austérité, les dépenses ayant été limitées à 129,1 milliards d’euros, un chiffre bien en deçà des 133,1 milliards demandés par le Parlement.
Le commissaire Lewandoswki a quant à lui confirmé avoir des difficultés pour trouver 11 milliards d’euros afin de rembourser aux Etats les factures présentées fin 2011…. Déclarant par ailleurs travailler au rectificatif nécessaire d’un montant au moins équivalent à la moitié de cette somme.
«Le budget européen n’a pas un euro de déficit, mais il est au bord du défaut», a lancé tout net Alain Lamassoure.
Selon lui le problème est politique, précisant que la France, l’Allemagne, les Pays Bas, la Finlande, l’Autriche, – pays contributeurs nets – « refusent toute augmentation de leur contribution nationale ». Leur démarche est compréhensible : « ils sont les principaux supports du fonds de sauvetage de l’euro et ne veulent pas payer deux fois», a expliqué Alain Lamassoure. Sans parler de dindons de la farce mais en y pensant très fort …
L’exercice pour le budget 2013 va consister à «orienter les crédits de paiements là où ils sont nécessaires » a par ailleurs souligné le Président de la Commission. Ajoutant que « pour le moyen et le long terme, il faudra doter le budget européen de ressources propres».
« Le Parlement européen est prêt à accepter une hausse très limitée du budget 2011 de l’UE, mais à condition que les Etats membres acceptent d’ouvrir le débat
» sur la création de » nouvelles ressources propres qui seraient susceptibles d’alimenter le budget européen« , avait expliqué Alain Lamassoure, lors d’une rencontre avec la presse en octobre 2011.
« C’est maintenant qu’éclate au grand jour la crise budgétaire de l’UE qui couvait depuis dix ans », avait alors déclaré Alain Lamassoure. Ce dernier expliquant cette crise par deux phénomènes dotés d’effets contradictoires sur le budget communautaire : tout d’abord l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne donnant des compétences nouvelles ou renforcées (politique énergétique commune, politique de l’immigration, politique spatiale, sport, tourisme, etc.) mais exigeant « un minimum de moyens financiers ».
Invoquant par ailleurs la crise de la dette publique en Europe rendant impossible pour les Etats membres une hausse de leur contribution au budget européen. « Aujourd’hui, le budget européen est prisonnier des budgets nationaux », commentait Alain Lamassoure.
Sources : AFP, Reuters, Agence Europe