Tunisie : déjà des violences après la victoire d’ Ennahda

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Comme le dit Christophe Barbier dans son éditorial de l’Express : « Printemps arabe, hiver islamiste » ? En tout cas l’automne pourrait être des plus chauds en Libye et en Tunisie.

Alors que la commission électorale des résultats vient juste d’annoncer que les élections tunisiennes du 23 octobre avaient été remportées par le parti islamiste Ennahda, des violences ont éclaté jeudi soir à Sidi Bouzid, ville du centre du pays et berceau de la révolution.

Rappelons que ces résultats demeurent provisoires jusqu’à la fin des recours devant le tribunal administratif, lequel dispose d’un délai de cinq jours pour se prononcer.

Mais si la jeunesse pourrait voir d’un très mauvais oeil l’arrivée des islamistes aux commandes de l’Etat, Ben Ali pourrait – certes, dans l’ombre – user de son pouvoir financier et de son réseau pour reprendre le pouvoir à sa façon. L’hiver pourrait être celui de tous les dangers  pour la Tunisie ….

Plus de 2.000 jeunes ont mis à sac jeudi le local du parti vainqueur du scrutin, jetant des pierres sur les forces de l’ordre.

Ils réagissaient notamment à l’annonce de l’invalidation – notamment pour irrégularité de financement- de six listes d’Hechmi Haamdi, richissime homme d’affaires qui avait notamment remporté le scrutin dans la circonscription de Sidi Bouzid et dont le parti se retrouvait tout de même au final en quatrième position avec 19 sièges. Avant que l’homme d’affaires se « retire officiellement de cette opération politique ».

Ce milliardaire à l’origine de la « Pétition populaire pour la justice et le développement » a fait campagne de Londres par le biais de sa télévision satellitaire Al-Mustakilla, dont il est propriétaire. 

 L’homme d’affaires avait promis la gratuité totale des soins médicaux et une allocation de 200 dinars (100 euros) pour chacun des 500 000 chômeurs du pays. Il s’était aussi engagé à injecter 2 milliards de dinars (un milliard d’euros environ) dans le budget de l’Etat adopté par le Premier ministre sortant Beji Caid Essebsi. 

Les archives de l’agence tunisienne de communication extérieure ont d’ores et déjà révélé que Hechmi Haamdi « avait reçu 150 000 dollars en contrepartie de services rendus au régime« , a quant à lui affirmé le responsable de la coalition de gauche PDM.

L’homme d’affaires est également soupçonné d’avoir rejoint la liste des « Mounachidine« ,c’est à dire les personnes ayant appelé Ben Ali à se représenter à la présidentielle de 2014.  

 Rappelons que selon le résultat final provisoire annoncé jeudi par le président de la commission électorale Kamel Jendoubi, le parti islamiste Ennahda a obtenu 41,47% des suffrages, neuf mois après la chute de Ben Ali.

Il obtient ainsi 90 sièges dans l’assemblée constituante de 217 élus, devant le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) avec 30 sièges (13,82%) et Ettakatol (gauche) avec 21 sièges (9,68%).

Précisons que l’enjeu des élections est l’élection d’une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution pour le pays et d’aboutir à la formation d’un nouvel exécutif.

Sources : AFP, Reuters, L’Express

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