Il était temps. Alors que le principal syndicat des employés du secteur pétrolier du Gabon avait déposé un préavis de grève pour dimanche minuit, l’appel a été suspendu son appel. C’est en effet ce qu’a annoncé dimanche à la télévision nationale le porte-parole du syndicat, Arnauld Engandji. « En ce qui concerne le préavis de grève, il expire ce soir à minuit, mais cela ne signifie pas l’entrée en grève, les employés du secteur pétrolier sont appelés à vaquer à leurs occupations », a expliqué le porte-parole de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep).
Précisons que cette dernière regroupe 4.000 des 5.000 travailleurs du secteur et ses grèves sont généralement très suivies. Le 21 mars dernier, elle avait annoncé avoir déposé un préavis de grève pour dimanche minuit réclamant la publication d’un décret réglementant l’emploi de la main d’oeuvre étrangère.
« Tout le personnel d’exécution devait être gabonisé dans les six mois. Cela n’a pas été fait. Les entreprises bravent l’autorité de l’Etat », s’était exclamé le 15 mars M. Engandji lors d’une conférence de presse.
« Le préavis de grève est essentiellement un appel au dialogue entre les parties lorsqu’une négociation est engagée et rencontre quelques difficultés. Il n’y a de grève que lorsque le dialogue est rompu entre les deux parties, or en ce moment chaque partie fait preuve de beaucoup de diligence » pour la résolution du conflit, a tenu désormais à argumenter dimanche M. Engandji.
« Nous attendons les résolutions du prochain conseil des ministres, nous attendons l’adoption d’un texte très important pour nous qui réglemente l’emploi des travailleurs étrangers en république gabonaise et si ce texte est adopté conformément aux engagements pris par le gouvernement, nous pensons que les choses devraient avoir un dénouement heureux », a-t-il ajouté.
L’affaire est à suivre compte-tenu notamment d’éventuels impacts sur les groupes pétroliers TOTAL et Shell.
Rappelons en effet, qu’en avril 2010, la grève observée par les salariés du secteur pétrolier avait affecté près de « 50% de la production et 100% de la distribution » à travers le pays si l’on en croit l’Onep.
A cette date, le syndicat entendait d’ores et déjà protester contre « l’emploi abusif de main-d’oeuvre étrangère » aussi bien occidentale que des pays africains, et demander « une refonte du système du travail dans le secteur« .
L’action du syndicat visait alors notamment à dénoncer le silence des autorités sur les «violations flagrantes» de la loi gabonaise par les dirigeants des sociétés pétrolières. L’ONEP dénonçait notamment la persistance de l’emploi abusif de la main d’œuvre étrangère, de la discrimination raciale et diverses violations du Code du Travail.
Dans une déclaration, le ministre gabonais du Travail, Maxime Ngozo Issoundou, s’était engagé à renouveler la commission interministérielle ayant participé aux négociations et à restreindre temporairement les autorisations d’emploi dans le secteur si le syndicat revenait à la table des négociations.
L’ONEP pointait alors du doigt en priorité Shell Gabon , entreprise où » tous les efforts entrepris depuis la grève de 2008 auraient été « réduits à néant par un PDG qui a décidé de tuer l’initiative de gabonisation au profit d’une britannisation de l’entreprise ». Mais Caroil et Oil Libya sont également dans le collimateur.
Pour rappel, le pétrole est la principale richesse du Gabon . La production du pays varie entre 220.000 et 240.000 barils/jour. Selon les estimations du gouvernement, le pétrole devrait rapporter 1,5 milliards d’euros au Gabon en 2010, soit environ 42% de son budget.
En mars 2008, l’arrêt total de l’activité de Shell Gabon avait entraîné un manque à gagner de plus d’un milliard de francs CFA par jour pour l’Etat gabonais, qui détient au moins 25% des parts des compagnies pétrolières installés sur son sol.
Sources : AFP, Reuters