Egypte : le gouvernement affiche sa fermeté face à toute tentative de « contre-révolution »

Les choses sont loin d’être rentrées dans l’ordre en Egypte .

A la suite de heurts observés dans la ville du Caire et attribués à des partisans de l’ancien Président Hosni Moubarak, le nouveau gouvernement égyptien a mis en garde mercredi contre le risque de « contre-révolution« .

Le gouvernement a par ailleurs souligné qu’il « était pleinement engagé » dans le respect « des intérêts du peuple » et « la réalisation des objectifs de la révolution » et qu’il « fera fermement face à toute tentative de contre-révolution ».

Ces propos interviennent alors que, selon la télévision d’Etat égyptienne, des manifestants pro-démocratie qui occupent la désormais célèbre place Tahrir de la capitale égyptienne auraient été attaqués par des Egyptiens armés de couteaux et de machettes.

Les heurts se sont déroulés dans un climat de tension grandissante, des affrontements entre musulmans et chrétiens coptes dans la capitale ayant ainsi provoqué le décès de 10 personnes, en blessant 110 autres.

Le mouvement islamiste des Frères musulmans, le plus important parti d’opposition en Egypte, a accusé des partisans de l’ex-président Moubarak d’attiser la violence.

Quoiqu’il en soit, la révolution égyptienne est loin d’être achevée. Les nouveaux dirigeants du pays en sont de plus en plus conscients, redoutant l’émergence d’une contre-révolution commanditée par les partisans de l’ancien régime déchu.

Leurs craintes sont nourries notamment par la présence de Hosni Moubarak à Charm Cheikh, considéré comme « un centre hostile à la révolution » par le célèbre intellectuel et ancien conseiller de Nasser, Mohammad Hassaneine Haykal.

Selon lui, la situation est autant « dangereuse » qu’ « inquiétante », considérant que « cela fait partie d’un plan de protection dans un état policier ».

Se voulant encore plus précis, Haykal craint que des directives provenant de Charm Cheikh, associées à l’aide d’éléments extérieurs et régionaux, versent dans des tentatives de certaines forces internes de confisquer la révolution.

Le journaliste égyptien Jamal Fahmi considère comme quelque peu suspecte l’effervescence des revendications qui ont suivi le départ du Président égyptien, et en tout premier lieu celles émanant des syndicats d’ouvriers qui ont toujours été dirigés- selon lui – par les services de sécurités de Moubarak.

« La présence de Moubarak en Égypte fait de lui un milieu d’attraction pour toutes les forces qui profitaient de son pouvoir. Un conseil de commandement de la contre-révolution a été constitué à Charm Cheikh, avec l’aide de forces extérieures, à leur tête Israël », affirme même tout net Fahmi.

Selon Nabil Abdel Fattah, chercheur de l’institut AlAhram pour les études politiques et stratégiques, « il existe une véritable tentative de renverser la révolution, en se contentant de ce qui a été réalisé, pour essayer ultérieurement de récupérer ce qui a été confisqué ».

Sources : AFP, www.almanar.com.lb, Reuters, Le Monde