Thaïlande : manifestation des chemise rouges contre le gouvernement

Décidément l’année 2011 commence mal, voire très mal.

Alors que l’Union européenne se débat actuellement avec la crise de la dette dont sont affectés plusieurs pays membres, que cela ne va guère mieux du coté des Etats-Unis et que les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie) s’enflamment, la révolte (re)pointe également son nez en Thaïlande.

La police thaïlandaise a ainsi annoncé qu’environ 30.000 « chemises rouges » ont manifesté dimanche à Bangkok contre le gouvernement. Ce rassemblement constitue le plus important depuis la crise survenue au printemps dernier, laquelle avait fait plus de 90 morts selon les chiffres officiels.

Un millier de représentants des forces de l’ordre ont été déployés dans la capitale à l’occasion de cett manifestation de grande ampleur.

Rappelons que les « rouges » avaient occupé les rues de la capitale pendant deux mois entre mars et mai 2010, leur nombre atteignant jusqu’à 100.000 personnes.

A la mi-mars, soit un an après les manifestations d’avril 2009, qui avaient dégénéré en affrontements meurtriers, des dizaines de milliers de partisans de l’ex-premier ministre thaïlandais déchu Thaksin Shinawatra avaient afflué vers Bangkok. Ce dernier, renversé par l’armée en 2006, fait actuellement l’objet de condamnation et de diverses enquêtes anti-corruption dans son pays.

La colère des « rouges » était alors suscitée par le verdict de la cour suprême, laquelle a jugé Thaksin coupable d’abus de pouvoir et de conflits d’intérêts lorsqu’il présidait aux destinées du pays (2001-2006). Plus de la moitié de sa fortune, soit 1,4 milliard de dollars, a été saisie.

Le conflit politique oppose depuis plus de quatre ans les partisans de Thaksin, les chemises rouges, d’une part, et les chemises jaunes, d’autre part. Lesquelles se réclament du roi Bhumibol Adulyadej et sont soutenues par les élites urbaines de Bangkok.

En 2006, les manifestations des « jaunes » ont contribué à la chute de Thaksin. Après 15 mois de gouvernement militaire, les alliés de Thaksin sont néanmoins revenus au pouvoir à la faveur d’élections. Une campagne de manifestations, aboutissant à un blocus, pendant huit jours, des aéroports de Bangkok s’en est suivi, s’achevant par le départ du pouvoir des alliés de Thaksin, en décembre 2008.

Les « chemises rouges » exigent la tenue d’élections anticipées afin de faire revenir au pouvoir Thaksin ainsi que la démission du Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Ce dernier a pris la tête du pays le 15 décembre 2008 à la faveur d’un renversement d’alliance parlementaire après ces manifestations royalistes.

Mais au delà de la mobilisation des « chemises rouges« , la contestation gagne désormais les couches les plus pauvres de Bangkok. Lesquelles tolèrent de moins en moins les inégalités sociales dont le gouvernement et la monarchie ne semblent guère se soucier.

D’après la sociologue Pasuk Phongpaichit, 20 % des personnes les plus riches du royaume détiendraient 69 % des richesses nationales, tandis que 20 % se partageraient de très modestes miettes égales à 1 %. 70 000 comptes en banque, soit moins de 1% de l’ensemble, abritent près de 42 % de l’épargne nationale, précise par ailleurs Phongpaichit.

Sources : AFP, Reuters, Le Monde, Courrier International