Portugal : l’Etat compte sur un système bancaire solide pour contrer les craintes de Moody’s

 Le Portugal compte bien ne pas se laisser faire par Moody’s. Alors que l’agence de notation a laissé entendre mardi qu’elle pourrait abaisser la note souveraine du pays, le ministère des Finances portugais a rappelé en fin de soirée que le système bancaire portugais était « solide » et continuait de faire face « aux difficultés d’accès aux liquidités résultant de la crise de la dette souveraine« .

L’agence de notation Moody’s Investors Service a annoncé mardi qu’elle réfléchissait à un possible abaissement d’un cran ou deux de la note du Portugal, actuellement de « A1 » pour la dette long terme. Raisons invoquées : l’impact de son plan d’austérité sur son dynamisme économique.

Dans un communiqué, Moody’s s’est en effet dit dit préoccupé « par la croissance molle » du Portugal, liée à la faiblesse de la demande intérieure. Cette situation va être « exacerbée par l’impact de l’austérité budgétaire », a-t-elle ajouté.

Rappelons que le pays s’est doté d’un budget d’une rigueur sans précédent dont l’objectif est de réduire le déficit public de 7,3% du PIB cette année à 4,6% fin 2011.

« L’analyse de Moody’s intervient à un moment où le pays a approuvé son budget pour 2011 et dispose de mesures renforcées de consolidation et contrôle budgétaire », a souligné le ministère des Finances.

Le gouvernement portugais « mettra tout en oeuvre pour contrarier les risques qui ont motivé l’annonce de Moody’s. Cela se reflètera, nous en sommes certains, dans la décision qui résultera de cette analyse au premier trimestre de 2011 », a conclu le ministère dans un communiqué.

Mais l’agence s’inquiète également de la capacité du Portugal à accéder aux marchés des capitaux dans des conditions financières acceptables. Elle se préoccupe par ailleurs de l’impact budgétaire d’un possible nouveau renflouement des banques portugaises.

Début décembre, Moody’s avait annoncé qu’elle envisageait d’abaisser la note des principales banques portugaises en raison notamment de leur « grande dépendance » vis-à-vis des financements obtenus auprès de la Banque centrale européenne (BCE).

Mais précisons que si la dette du pays devait être dégradée d’un cran ou deux, le Portugal demeurerait dans la catégorie des emprunteurs fiables.

Pour nous, « la solvabilité du Portugal n’est pas remise en question », a ainsi souligné Anthony Thomas, le principal spécialiste du pays pour Moody’s.

« Mais la probable détérioration des marchés obligataires à moyen terme et la poursuite des interrogations sur la capacité du pays à résister à la consolidation budgétaire et au désendettement du secteur privé font qu’une note +A1+ pourrait ne plus être compatible avec les perspectives économiques du pays », ajoute par ailleurs l’agence dans son communiqué.

Rappelons que le 30 novembre dernier, Standard and Poor’s (S&P) avait placé la note de l’Etat portugais sous « surveillance négative ».

A la mi-juillet, Moody’s avait déjà abaissé la note du pays de deux crans, de « Aa2 » (la troisième meilleure note possible dans sa classification) à « A1 ». L’agence redoute désormais que « les conditions du marché régional et local de la dette » ne conduisent au final le gouvernement portugais « à sortir des marchés de capitaux privés » et l’imposent de recourir au fonds de sauvetage de l’Union européenne et du Fonds monétaire international.

Si, précise l’agence, le recours à une aide financière pourrait « réduire les incertitudes de court-terme » qui pèsent sur le Portugal, cette décision devrait également « soulever des inquiétudes sur sa capacité à revenir sur le marché de financement privé ».