Pour l’OCDE, la crise est bien finie

L’OCDE  a fait le point aujourd’hui sur l’état économique de la planète lors d’une conférence de presse donnée par Pier Carlo Padoan, économiste en chef de cette organisation internationale.

Crée en 1960, l’OCDE regroupe 34 pays membres qui représentent à eux seuls 80% du PNB mondial pour 2009. Partisan historique d’un libéralisme économique bien à la peine en ce début 2010, cette organisation publie des rapports périodiques généralistes ou plus spécifiques, des données statistiques, des études sur des pays, et des documents de travail gratuitement mis à la disposition du grand public, et de la presse généraliste bien sûr.

La crise serait donc finie, avec un retour à la croissance dès 2010. Une excellente surprise assurément, mais pour tout le monde ?

L’OCDE a publié ses prévisions de croissance pour 2010 et 2011, en séparant trois grandes zones économiques : la zone Euro, les Etats-Unis et le Japon, avec pour comparatif une moyenne des pays appartenant à l’OCDE. La zone Euro sera à la traine, mais est-ce vraiment une surprise ? La croissance devrait s’y maintenir à un modeste mais positif +1.2% en 2010, contre près de + 3.2% aux USA et + 3.0% au Japon :

 

La contre performance de 2010 la Zone Euro étant quand même à relativiser, partant d’aussi bas :  – 4.1% pour 2009 !

Alors, tout serait au mieux dans le meilleur des mondes de l’OCDE ? Pas tout à fait… car si « les échanges commerciaux progresseront à nouveau. La croissance vigoureuse observée en Chine et dans d’autres économies de marchés émergentes contribue à tirer les autres pays hors de la récession » (…) « une rechute après une phase de forte expansion n’est pas à exclure, exigeant un resserrement plus marqué des taux d’intérêt dans des pays comme la Chine et l’Inde, avec pour conséquence une croissance ralentie dans les autres régions ». Une nouvelle crise financière en quelque sorte, qui viendrait cette fois-ci des deux poids lourds des pays émergeants.

L’OCDE recommande donc de « maintenir la coopération internationale » afin de « soutenir une reprise toujours fragile et adopter un modèle fiscal plus durable ».

Sauf que l’Inde et la Chine ne font pas partie de l’OCDE et ne comptent d’ailleurs pas y adhérer à court terme. L’orthodoxie de la doctrine financière prônée par M. Pier Carlo Padoan va très certainement à l’encontre de la politique de croissance économique à deux chiffres adoptée par leurs gouvernements actuels. 

Alors pourquoi tants de gouvernements de la Zone Euro – plus le Royaume-Uni – adoptent-ils les uns après les autres des plans de rigueur de plus en plus impopulaires et très certainement électoralement dévastateurs ?  La communication de l’OCDE est très certainement à replacer dans le contexte de réformes précipitées que nous observons actuellement au niveau européen.

Le rapport complet est consultable sur le site de l’OCDE.

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