EDF : Proglio contre Robin des Bois, 2 poids, 2 mesures ?

Deux poids, deux mesures ?

Alors qu’Henri Proglio, le nouveau PDG d’EDF fleurte avec des salaires aussi « cumulatifs » qu’indécents, la loi ne semble pas avoir la même valeur pour tout le monde.

Si au delà des sommes engrangées par le nouveau dirigeant du groupe énergétique, la légalite de ses doubles attributions (PDG d’Edf et Président non exécutif de Veolia) pose problème, un agent d’ERDF vient d’être mis à pied 21 jours à Toulouse.

Son délit ? avoir rétabli de son propre chef le courant chez une famille privée d’électricité en raison de factures impayés.

L’agent d’ERDF sanctionné, Dominique Liot, militant CGT et écologiste, « assume » dans un communiqué son action dans la tradition des « Robin des bois« , déplorant la procédure disciplinaire engagée contre lui « pour avoir revendiqué publiquement la remise de l’électricité à un couple de RMIstes avec une petite fille de 2 ans« .

La sanction est inférieure aux 28 jours d’abord envisagés par la direction, ajoute le syndicaliste, qui y voit un « encouragement à faire évoluer la loi et les pratiques pour arriver à des mesures sociales impératives : la tranche tarifaire gratuite et l’interdiction des coupures de personnes démunies« .

M. Liot estime par ailleurs que son acte « donne sens à une vision du service public à l’opposé de sa privatisation, sa logique essentiellement financière et son lot d’externalisations« .

Rappelons que plusieurs syndiqués CGT ont été licenciés à l’automne dernier en Midi-Pyrénées en raison de violences survenues à l’occasion du conflit. Par la suite, les licenciements se sont transformés en mutations d’office.

C’est dans un tel contexte que le syndicaliste mis à pied mardi appelle à la « réintégration » de deux salariés, l’un à Toulouse l’autre à Paris.

Un nouveau conflit qui intervient à EDF, alors des élus s’élèvent pour mettre en doute – au delà de la double rémunération perçue par Henri Proglio – le caractère légal de sa double casquette.

Rappelons à cet égard que le conseil d’administration de Veolia Environnement avait décidé initialement d’attribuer 450.000 euros par an à Henri Proglio pour son rôle de président non exécutif. Cette rémunération devait s’ajouter aux 1,6 million d’euros perçus par Henri Proglio en tant que patron d’EDF. L’intéressé y ayant finalement renoncé.

La fronde gronde même au sein de la majorité. Ainsi, le président (Nouveau Centre) de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis, s’est plaint d’un « déficit de doctrine claire pour la gouvernance des entreprises publiques« . « Je souhaite qu’on applique des principes inattaquables« , a par ailleurs déclaré le sénateur de la Mayenne.

« A mes yeux, les dirigeants des entreprises publiques doivent consacrer toute leur énergie à la responsabilité qui leur est confiée et ne pas laisser planer des soupçons de conflits d’intérêts« , a-t-il poursuivi.

Pour lui, « le fait d’être président d’EDF et de rester président non exécutif du Conseil d’Administration de Veolia fait planer ce soupçon« . « A l’heure où on entend moraliser le capitalisme, nous devons avoir un corps de principes garants de l’indépendance des dirigeants des entreprises publiques« , a-t-il martelé.

La sénatrice UMP du Bas-Rhin Fabienne Keller demande quant à elle « que Proglio passe clairement de Veolia à EDF. Qu’il s’y mette à temps plein. »

« Si on veut revenir à un peu de morale dans cette affaire, la seule décision qui s’impose à M. Proglio, c’est qu’il démissionne de la présidence de Veolia», a lancé par ailleurs le porte-parole du PS Benoît Hamon repris par son collègue Manuel Valls.

«Cette nomination est avant tout politique et ne va pas dans l’intérêt d’EDF : ce n’est ni crédible pour les agents d’EDF et pour les Français, ni efficace du point de vue de la, gestion» dénonce encore le parti socialiste.

Au MoDem, la vice-présidente Marielle de Sarnez réclame que le patron d’EDF renonce « à conserver une responsabilité avec les avantages qui lui sont afférents à Veolia ».

Sources : AFP, Reuters, Europe 1, Le Post, DNA