Koweit : la raffinerie pourrait tout de même voir le jour

C’est bien connu, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Fort de ce postulat, le ministre du Pétrole koweitien Ahmad Abdallah Al-Sabah a affirmé dimanche que le projet d’une raffinerie abandonné il y a quelques jours à peine pourrait être relancé par le prochain cabinet. Lequel devrait être formé à l’issue des élections générales anticipées qui doivent se tenir dans deux mois, suite à la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement, le 18 mars dernier.

Ceci pouvant bien évidemment expliquer cela …

« Une décision sur la quatrième raffinerie  sera prise après la formation du nouveau cabinet », a déclaré le ministre sortant. Son coût s’éleverait à 15 milliards de dollars.

Le 15 mars dernier, le gouvernement avait annoncé l’abandon du projet, après qu’un bureau d’études indépendant eut conclu à sa non-faisabilité.

La société d’ingéniérie américaine Fluor avait alors annoncé qu’il lui avait été ordonné de cesser le travail sur le site. « Fluor a été notifié par la société nationale du pétrole du Koweït (KNPC) qu’il devait arrêter de travailler pour la raffinerie d’al-Zour », avait indiqué la société. « La valeur restante du contrat, d’environ 2,1 milliards de dollars, sera retirée du carnet de commandes (de Fluor) au premier trimestre », avait-t-elle précisé.

Quatre entreprises de bâtiment sud-coréennes avaient été informées parallèlement par le gouvernement koweïtien que le contrat qu’elles avaient signé avec le Koweit pour la mise en place d’une raffinerie d’une capacité de 615.000 barils par jour avait été annulé. Le contrat estimé à 6,3 milliards de dollars avait été contesté par des élus de l’opposition, estimant que son attribution n’était pas transparente. Ils avaient alors exigé que l’ensemble du processus soit réexaminé.

Les entreprises sud-coréennes concernées (Hyundai Engineering & Construction, Daelim Industrial, GS Engineering & Construction et SK Engineering & Construction ) avaient conclu ledit contrat en mai 2008 avec la Société nationale de pétrole du Koweït (Kuwait National Petroleum).

En décembre, le Koweït avait, sous la pression des députés, annulé un méga-contrat de partenariat de 7,5 milliards de dollars avec la firme américaine Dow Chemical, invoquant son coût élevé.

Le gouvernement koweïtien a adopté jeudi un budget 2009/2010 prévoyant une chute des recettes et un déficit de quatre milliards de dinars (13,8 milliards de dollars. Le budget prévoit des recettes de 8,1 milliards de dinars (27,9 mds USD), en baisse de 36% sur les 43,8 mds USD de cette année.
La baisse des recettes est consécutive à la chute des cours du brut, la manne pétrolière représentant plus de 90% des revenus totaux de l’émirat. Rappelons que le Koweït, 4e producteur de pétrole de l’OPEP pompe quelque 2,2 millions de barils par jour et dit contrôler 10% des réserves mondiales de brut.

Le 18 mars dernier, l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, avait dissout par décret le Parlement après un nouveau bras de fer entre le gouvernement et la Chambre. Laquelle se trouve ainsi issoute pour la deuxième fois depuis mai 2008 et la troisième depuis juin 2006 …

Cette dissolution est intervenue deux jours après l’acceptation par l’émir de la démission du gouvernement de son neveu, cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad Al-Sabah. Ce dernier était « menacé » d’un interrogatoire au Parlement, cinq députés islamistes l’accusant de mauvaise gestion, de violation de la Constitution et de manque de prudence dans la politique économique, outre des détournements de fonds publics.

Dans son discours, le chef de l’Etat a justifié la dissolution de la Chambre par « des agissements déplorables (d’élus) qui ont nui à la démocratie » et qui ont « entravé la coopération souhaitée entre le législatif et l’exécutif ».

« Que chacun sache que, fidèle à mes responsabilités, (…), je n’hésiterai pas à prendre les mesures nécessaires pour préserver la sécurité et la stabilité du pays et à sauvegarder ses intérêts », a averti l’émir.

Sources : AFP, Xinhua