« Bonjour, au chômage en France pendant des années, je me suis finalement résigné à m’installer à Dublin il y a presque trois ans maintenant, où j’ai rapidement trouvé du travail. Mais la situation s’est vraiment retournée ces dernières années ici, et je ne pense pas que je vais rester en 2010. Les manifestations ici étaient vraiment rarissimes il y a un an et demi encore, mais maintenant on en est à une par mois environ, et ça devient assez courant. Les Irlandais ont apparemment pris pour acquis le succès économique de leur pays (de leur capitale devrais-je dire), qui n’a été malheureusement surtout dû qu’aux fonds européens et aux multinationales américaines. L’Irlande n’est maintenant plus sous la douche européenne, et les multinationales ont délocalisées depuis en Inde ou en Europe de l’est pour la plupart, ou ont fermées leurs sites ici tout court, et les gens ne sont pas contents : les investissements sont apparemment gelés, les chantiers de construction sont à l’arrêt pour la plupart depuis des mois (c’est peut-être à cause du mauvais temps en hiver aussi, je ne sais pas), du coup les polonais, première population d’immigrés ici, repartent massivement chez eux, ce qui réduit tout doucement le pouvoir d’achat ici. Ajouter à cela que les j eunes d’ici ne trouvent pas de travail en rapport avec leur qualifications et leurs ambitions (un peu comme les grecs apparemment), les propriétaires voient leurs locataires discuter de plus en plus les loyers complètement fantaisistes qui avaient cours ici depuis une décennie (il y a un an encore, je payais mon appartement, un 35m2 délabré à 20 minutes à pied du centre-ville, 950 euros par mois : simple vitrage, isolation inexistante etc), et les annonces de licenciements sont courantes dans les quotidiens. Les gens ici ont pris pour acquis de faire de l’argent facile en louant des ruines et en se trouvant des boulots de managers surpayés pour certains, mais n’ont jamais pour la quasi-totalité pris le soin d’investir dans du durable (ou même d’investir tout court). Je suis toujours indécis sur le fait que de me dire que soit les Irlandais savaient dès le départ que ça ne durerait pas (ils n’ont jamais été habitué à la réussite dans leurs pays, cette bulle est la première de leur histoire à ma connaissance), et que donc ils en ont profité pour bien faire la fête, soit ils sont effectivement naturellement incompétents, et que tout ce fric de l’union Européenne n’aura pas servi à grand-chose ici, sans un minimum de surveillance et d’objectifs définis, et que tout redeviendra comme avant (comme il y a 25 ans, avec des charrettes tirées par des chevaux sur les Champs-Elysées locaux, avec les hommes qui émigrent en masse et les femmes qui restent au foyer) d’ici moins d’une dizaine d’années … Enfin bon, je crains des troubles sociaux sérieux d’ici la fin de l’année, avec la bonne vieille rengaine des étrangers qui piquent le pain des locaux (il y avait déjà eut un tout petit relent de nationalisme en arrière-plan avec le refus du traité de Lisbonne l’année dernière), et je pense que comme beaucoup, je quitterais le pays en fin d’année (ce n’est pas le temps et la nourriture ici qui me manqueront de toute façon). Ceci dit, je ne suis pas sûr que ce commentaire soit d’une quelconque pertinence par rapport à l’article donné, ni de vraiment comprendre le rapport entre l’article et ce blog spécialisé … «
Il est difficile de parler immobilier, sans parler du contexte. L’environnement économique, crée par l’immobilier ou subi par lui, est primordiale.
Que remarque t’on dans ce témoignage ?
Un classique.
La chute de la demande, par le départ des polonais et autres, une totale impréparation de l’avenir, non pas parce que l’on a pas VOULU préparé l’avenir, mais on l’a préparé dans un cadre, celui de la globalisation, avec son agent, la communauté européenne.
Et ce cadre a explosé. La situation budgétaire dont se gargarisait les irlandais s’est évaporée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, comme les espagnols, avec des salaires souvent pas très élevés, ils ont profité de la situation, survendant ou surlouant à des prix stratosphériques.
J’ai vu ce phénomène en France aussi, dans une banlieue, les héritiers des terrains se sont enrichis dans la situation de boum, faisant construire eux-mêmes souvent, beaucoup plus rarement en vendant, et en se fiant sur les rares ventes effectuées, disant « terrain + construction, ça vaut tant… » Tant mieux pour eux, mais aux prix annoncés, 5 % de la population seulement pouvait acheter, oubliant aussi que ces terrains étaient hérités, dans leur famille depuis fort longtemps, qu’il y a peu, c’était des jardins, sans grande valeur…
Maintenant, la conjoncture se retournant, la négociation des loyers, grince. Pour la vente, n’en parlons même pas.
En ce qui concerne l’Irlande, rappelons ce qu’est la république d’Irlande : un tout petit pays, pratiquement sans activité économique véritable, perdu au milieu de nulle part. Une Islande un peu agrandie, sans plus. Sauf que l’Islande a une économie réelle plantureuse.
Dieu est décidément très dur pour les « miracles économiques« . C’est le terme de miracle qui ne doit pas lui plaire.
En attendant, nos hommes politiques, complètement déphasé, pensent encore au traité de Lisbonne. Ce traité, marque d’une époque révolue, a été adopté, sans crainte du ridicule, en république Tchèque. Heureusement pour les députés que le ridicule ne tue pas, ils y seraient tous passés.
Pour la suite et un certain nombre de pays, Europe ou pas, la réalité va être têtue. Le principe de réalité, c’est une dette, interne et externe, bien plus élevé que le PIB lui même, quelquefois, plus de dix fois.
Là, soyez rassuré, vous pourrez faire appel à toutes les solidarités voulues, souhaitées, possibles et imaginables, personne ne voudra casquer. Chacun sa M…ouise…
Mercredi 18 février 2009
Quel est le problème avec le traité de Lisbonne ? Ne vaut il pas mieux que nous soyons unis pour lutter contre les étapes d’une nouvelle époque ? Ou du moins en retarder les conséquences…
Bonsoir,
j’avoue être un peu surpris de voir mon commentaire utilisé comme base d’un nouvel article.
Je suis flatté de voir que ces commentaires avaient donc un minimum de pertinence comme je l’imaginais, qui apporteront je l’espère peut-être quelques informations aux habitués de ce site, mais je me permet d’ajouter que j’aurais apprécié que le formatage et la signature soient respectés. Et si j’avais su que j’aurais droit à un affichage public, je me serais peut-être attardé un peu plus à fournir une description un peu plus complète du décor ici (je vis actuellement à Dublin) …
Pour ce qui est de l’analyse elle-même, elle correspond assez bien pour ce que j’en connais de la situation ici : même s’il y a quelques sites de production si j’ai bien compris (à Cork et à Limerick surtout), l’activité de l’île reste surtout axée sur deux grands axes à ma connaissance : l’agriculture et le business US : sorti de Dublin, l’Irlande, c’est juste un énorme champ, qui jouit d’un microclimat particulièrement propice j’imagine à l’agriculture. Ici, ça n’est jamais vraiment l’hiver ni jamais vraiment l’été, c’est juste un éternel printemps/automne comme on peut avoir en Bretagne (les bretons sont d’ailleurs ici les seuls français qui soient capables de vraiment supporter le climat). Ce qu’il faut également savoir, c’est que cette production est surtout vouée à l’exportation : nous dans la capitale, on mangent surtout de l’import ! Le business maintenant, ben c’est la langue native anglophone (ahem, officiellement on va dire hein), couplée à un système fiscal avantageux pour les entreprises embauchant du petit salaire (j’étais payé au brut à peu prés la même chose qu’en France quand j’avais commencé (autour du SMIC), mais ça fait pratiquement le double en net en fait =). Sur les feuilles de paie, il y a juste trois lignes : « gross », « taxes » et « net »), qui font que la plupart des multinationales US ont/avaient leurs « headquarters » pour la zone « EMEA » (Europe Middle-East Africa) dans le coin (rapport aux fuseaux horaires, pour le management, les centres d’appel, la compta etc). Une aubaine pour les jeunes hispanophones/germanophones/hollandojesaispasquoi et français comme moi, sans de grosses qualifications, qui sont venu ici se faire un CV, et du coup le beurre des multinationales.
Si c’est vrai que l’on peut critiquer un système mondialiste, où chaque pays tend à devenir un organe d’un organisme qui le dépasse, avec des fonctions bien spécifiques, ce qui du coup le vulnérabilise si les pays voisins n’assurent plus leurs fonctions à eux, je pense que c’est aller aussi un petit peu vite en besogne : il faut bien savoir que l’Irlande était sous le joug de l’Angleterre il n’y a encore pas si longtemps, qui comptait en faire je pense une sorte de potager géant pour les britanniques. Ce sont eux je crois qui les ont forcé à accroître le potentiel de leurs terres (d’où ces murets si authentiques que l’on voit sur toutes les cartes postales : tout la caillasse extraite du sol), et les ont poussé à les développer au mieux (de gré ou de force). Ajoutons à cela un manque d’éducation général local, qui fait que les diplômés ne pensent qu’à quitter le pays une fois leur diplôme en main, pour aller aux Etats-Unis ou en Australie, et on peut comprendre que l’agriculture soit une économie toute naturelle pour eux (des siècles de famine, et un manque général de qualifications et d’ambition, pour faire quoi que ce soit d’autres sur place). On ne peut pas complètement leur reprocher ni à eux ni à l’Europe ce qui arrive maintenant. Le projet européen à la base restait une bonne idée je pense, le suivi a juste fait -un peu- défaut …
Je pense que l’Irlande s’en tire pas mal pour l’instant, d’un point de vue irlandais : ils ont fait une fête monstre pendant 15 ans, et maintenant ils commencent tout doucement une bonne décennie de gueule de bois. Le quotidien pour eux quoi (c’est l’un des seuls pays d’Europe je crois où c’est tout à fait légal de se balader bourré dans la rue)…
Enfin bon, moi je ne suis pas irlandais (du tout), je fais juste partie de ces 50% d’immigrés ici dans la capitale qui sont venus ici faute d’avoir des possibilités ailleurs, et qui repartiront quand ces possibilités auront disparus ici (on ne reste pas ici si on n’a pas de travail, c’est tout simplement intenable niveau coût de la vie et climat). Je me pose juste la question maintenant, comme la plupart de mes connaissances, de savoir ce que sera ma prochaine destination …
Pour finir, et pour être bien clair, je tiens à préciser que mes opinions et mes déclarations n’engagent que moi, que je ne prétend pas être un spécialiste de quoi que ce soit, que je ne suis ni anti-euro, ni anti-sarko, et que mon seul objectif dans l’immédiat est de m’efforcer de rester à distance raisonnable de la crise qui couve depuis maintenant trente ans en France …
Cordialement,
Jissé
Le déficit public en Irlande est passé de 25 % du pib en 2007 à 41 % en 2008 et pour 2009 ?
Ce temoignage est très intéressant et absolument pas hors sujet. L’immobilier est en prise directe avec l’économie et l’immigration. On pourrait dire même qu’il en est la résultante. Le ton du vécu dans sa simplicité est saisissant par son implacable logique rapportée à l’homme et fait réfléchir au-delà du sort de cette île derrière une île. C’est toute la condition humaine qui y est évoquée en filigrane. Merci Jissé
Merci « Jissé » pour ce témoignage.
J’ai vecu en Irlande entre 2005 et 2007 .Les entreprises tournaient a plein regime , il ne m’a fallut beaucoup de temps pour trouver un boulot dans une hot line. En France malgre les diplomes , mes CV ne passaient pas .
Par contre pour le logement les loyers etaient dementiel , j’ai du faire de la colocation a huit ( 3 polonais , 2 italiens , 1 Tcheque et 1 slovaque ) dans un pavillon avec une chambre a 350 Euros par mois .Les appartement a Dublin se vendaient a 400 000 Euros . Les agences d’interim recrutaient des immigrants pour leur call center et les irlandais trouvaient du travail dans l’administration et la finance . Bref la belle epoque
Passant mes journees a surfer sur le net au travail , je suis tombee sur le « blog immobilier » . Et la ma resolution a economiser avant le big Krach !
Merci pour Marie et son site , leur analyse et prevoyance a contre courant les croyances et des idees preconcus au travers des medias et des lobbys !
Marie a quitté ce blog; trop marxiste a son gout.
Tu vas quitter Dublin pour aller ou? y a rien en France non plus.
Sinon Patrick ,un petit article sur Dupleix quise 93ise?
Marie a quitté ce blog; trop marxiste a son gout.
Tu vas quitter Dublin pour aller ou? y a rien en France non plus.
Sinon Patrick ,un petit article sur Dupleix quise 93ise?
Pour une prochaine destination, c’est assez simple, il suffit de faire le contraire de ce qui est préconisé par l’émission capital de M6.
Dernièrement il y a eut des émissions sur Doubaille les bains et la Nouvelle Calédonie, la Floride …
(L’émission sur l’Irlande date de deux ans environ)
Même pour un breton cela est difficile de s’aclimater je pense, sauf pour un brestois peut être.