On aurait pu croire ou espérer que le départ du Président égyptien Moubarak change la vie de tous les jours des Egyptiens … et pourtant.
Au cours des dernières semaines, l’Égypte – qui importe la moitié de sa nourriture et subventionne le pain – a connu des pénuries importantes de cette denrée de base de l’alimentation égyptienne.
Tout un symbole : les Égyptiens appellent le pain « aish » , ce qui signifie littéralement « vie ».
Or, si le pain subventionné coûte cinq piastres la miche (moins de 0,01 dollar), son prix est de 50 piastres pour une miche de pain non subventionné.
Un problème majeur alors que selon les économistes, les familles égyptiennes consacrent environ 40 % de leur revenu mensuel à la nourriture et que la hausse des prix prend de l’ampleur chaque jour.
« La véritable raison de l’inflation actuelle réside dans le fait que les gouvernements, même celui au pouvoir en ce moment, ne protègent pas les consommateurs contre les abus des commerçants », affirme pour sa part dit Ahmed El-Naggar, économiste en chef au Centre d’études politiques et stratégiques d’Al-Ahram (Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies) et éditeur en chef de la publication annuelle, Strategic Economic Directions.
Précisons en effet que l’économie égyptienne a été durement secouée par les mouvements populaires conduisant au départ de Moubarak, ces derniers affectant notamment le tourisme et le commerce.
Selon El-Naggar, l’Egypte a ainsi enregistré « une diminution de 6% des exportations en janvier et en février ».
D’après le ministère des Finances, le taux d’inflation urbaine s’est établi à 11,5 % en mars dernier, son plus haut niveau depuis le mois d’avril 2010, contre 10,7 % en février.
Les prix d’autres denrées ont également augmenté considérablement au cours des dernières semaines. Les prix des tomates, des oignons, des poivrons verts, des citrons, des aubergines, des pommes de terre, des courgettes et des fèves ont en effet triplé.
Le pire est à craindre alors que Rashad Abdou, professeur d’économie à l’université du Caire estime que « les prix pourraient augmenter encore plus ».
Abdel Fatah Al-Gibali, directeur adjoint du Centre Al-Ahram d’études politiques et stratégiques affirme pour sa part que l’approvisionnement de certaines denrées a été monopolisé par un petit nombre de commerçants, phénomène affectant la dynamique du marché.
Autre élément à prendre en compte : l’absence de production dès le début des manifestations qui ont renversé Moubarak, l’approvisionnement étant alors moins important que la demande. Un contexte propice à la huasse des prix.