Lors du premier conseil national du Mouvement démocrate du 26 octobre, Robert Rochefort, Directeur du CREDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) a été appelé à s’exprimer sur la crise financière qui fait rage sur les places boursières depuis le mois de septembre.
Stigmatisant le postulat que la crise financière n’aurait pas de répercussions (selon la théorie dite de « la muraille de Chine »), Robert Rochefort estime qu’il n’est pas trop fort de dire que nous sommes dans la pire des crises financières depuis 1929, et qu’on peut se demander si nous ne sommes pas dans la pire des récession économique qu’aie connu l’économie de marché. Soulignant que comme en 1929, il n’existe pas de zones géographiques de « résistance » à la crise, et que l’ensemble du monde développé est d’ores et déjà touché, avec une rapidité assez incroyable : partie des Etats Unis, la crise a atteint l’Europe, mais aussi l’ensemble de la zone asiatique.
Robert Rochefort reproche aux politiques, pris de court face à leurs opinions publiques, de ne pas vouloir parler de récession alors qu’il vaudrait mieux affronter la réalité en face. Ainsi, la production anglaise a diminué de -0,3% au cours du troisième trimestre de cette année, battant un précédent record datant de 1992. Certains économistes ont construit un modèle de crise dont la durée irait de 11 à 22 mois. Il faudrait donc enterrer rapidement l’hypothèse du simple accident boursier.
Alors, cette crise ne serait qu’un mauvais remake de 1929 ? Il semblerait qu’au contraire les différences entre les deux crises, celle de 1929 et celle de 2008, l’emportent. Tout d’abord, c’est la première fois dans l’histoire que l’on assiste à une convergence de l’action des pays du monde face à une situation explosive, alors qu’en 1929 les gouvernements ont élaboré des stratégies protectionnistes (dévaluation des monnaies, augmentation des droits de douane) qui ont amplifié la crise économique. Et c’est aussi la première fois qu’une crise mondiale de cette ampleur a des chances de ne pas aboutir à des guerres meurtrières.
La baisse du baril de pétrole, aujourd’hui aux alentours de 60 USD va manifestement freiner la crise un temps. Les économistes tablent cependant sur une crise longue et durable, qui devrait accoucher d’une nouvelle société où l’énergie sera forcément chère. Les solutions du passé – le pétrole bon marché, le gaspillage des ressources et le consumérisme comme système social ne peuvent plus se prétendre des solutions durables. On observe d’ailleurs actuellement que dans tous les secteurs économiques, les entreprises adoptent une gestion des mois à venir basée sur l’arrêt des dépenses : embauches, et aussi investissements, y compris concernant les commandes de fonctionnement les plus courantes.
Les conséquences seront donc particulièrement préoccupantes sur le chômage. Le BIT (Bureau International du Travail) anticipe un chiffre de 210 millions de chômeurs supplémentaires dans le monde. En France l’UNEDIC prévoyait pour 2008 une baisse. Désormais il table sur un chiffre de plus de 50 000 chômeurs pour 2008, et 40 000 chômeurs supplémentaires en 2009.
Selon Robert Rochefort, il va falloir anticiper une baisse du niveau de vie, ramené à celui des années 2004/2005 « ce qui ne sera pas la fin des temps » (verbatim). La baisse du pouvoir d’achat devra être absorbée par la société française, avec une mobilisation en faveur de ceux qui souffriront le plus : les retraités, les sur-endettés et les plus pauvres. Cette mobilisation passera forcément par un report des réformes objectivement les moins urgentes, comme la suppression de la publicité à la télévision et l’ouverture des magasins le dimanche.
Il est apparu au cours des quatre ou cinq dernières années que notre monde a perdu la capacité de produire de l