Un fonds de soutien à l’investissement en faveur des PME de la filière aéronautique française a été mis en place mardi à Toulouse en présence des dirigeants d’EADS et de sa filiale Airbus.
Baptisé Aérofund II, ce fonds doté de 75 millions d’euros s’inscrit dans le cadre du plan annoncé en octobre par le Premier ministre, François Fillon, en octobre pour venir en aide aux PME impactées par le plan d’économies Power 8 d’Airbus.
Mais selon les élus toulousains, l’aide ne « répond pas aux problèmes de la filière » .
Les secrétaires d’Etat Luc Chatel (Industrie) et Dominique Bussereau (Transports) ont annoncé mardi à Toulouse la création d’un fonds d’investissement de 75 millions d’euros en faveur de la filière aéronautique .
MM. Chatel et Bussereau ont également annoncé la création d’un dispositif de couverture de change à destination des équipementiers du secteur aéronautique « pour les aider à faire face à la faiblesse du dollar » face à l’euro et la mise en place d’un dispositif leur permettant d’étaler le paiement de la prime de souscription à cette garantie. L’enveloppe globale de ce dispositif de couverture de change sera de 2,5 milliards d’euros. Il sera opérationnel à partir du 15 août prochain.
Mesure phare de ce plan de soutien, ce fonds d’investissement, baptisé AEROFUND II, est dédié aux PME du secteur aéronautique civil. Il est abondé par Airbus à hauteur de 30 millions d’euros, la Caisse des dépôts et consignations 30 millions d’euros et le groupe d’électronique de défense Safran 15 millions. Géré par ACE Management, il sera prochainement complété par une seconde levée de fonds et dépassera à terme les 100 millions d’euros avec de nouveaux « investisseurs institutionnels, privés ou encore des régions ».
«Ce fonds est destiné à aider une industrie aéronautique qui est primordiale pour notre pays puisqu’elle représente 200.000 emplois, 35 milliards de chiffre d’affaires et 14 milliards de notre balance commerciale », a déclaré côté Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’Industrie et à la Consommation.
Tout en rappelant « l’importance cruciale » de la filière », Luc Chatel a souligné la difficulté « avec un euro à 1,58 dollar de fabriquer des avions en euros et de les vendre en dollars ».
« Ce fonds d’investissement va permettre l’émergence d’acteurs de premier plan pour faire face à des niveaux d’investissement plus élevés, comme le demandent les donneurs d’ordre », a commenté pour sa part Dominique Bussereau.
Le PDG d’Airbus, Tom Enders, a assuré de son côté que le constructeur aéronautique avait besoin de tous ses sous-traitant, jusqu’au « plus petit d’entre eux », et ne faisait rien pour les « étrangler ». Alors que le secteur s’apprête à traverser des temps difficiles, « ce fonds va aider nos sous-traitants pour que tous ensemble nous puissions relever ce défi et que nous soyons les mieux placés demain », a-t-il affirmé.
Tom Enders, a également déclaré que son groupe devait se préparer « à une période continue de faiblesse du dollar ». « Des nuages très sombres pèsent malgré les commandes (…) Pendant quelques années, ce sera difficile mais nous souhaitons qu’AEROFUND remplisse sa mission et qu’il soutienne la chaîne d’approvisionnement pour qu’elle puisse oser croître et innover », a-t-il ajouté.
Le président d’EADS, Louis Gallois, a souligné pour sa part que le groupe prévoyait dans son plan d’économies de se développer en zone dollar mais « pas au détriment de nos sous-traitants en zone euro puisque ce développement concernera notre augmentation de charges ».
Evoquant l’avenir de l’un des principaux sous-traitants d’Airbus, Latécoère, évincé au printemps d’un plan d’acquisition de sites Airbus en France, Louis Gallois a déclaré qu’il « est et restera un partenaire incontournable d’Airbus ». « Nous prêtons un grand intérêt à son avenir», a-t-il ajouté.
Le président d’EADS a réaffirmé que la vente de sites Airbus en Allemagne et en France, qui a pris du retard, restait un objectif prioritaire. Interrogé sur les difficultés d’Airbus et de sa maison-mère EADS à trouver des investisseurs pour racheter les différents sites dans le cadre du programme Zéphyr, Louis Gallois a répondu que « le projet est toujours de trouver des partenaires pour ces sites ».
« Avec un euro à 1,58 dollar, les partenaires hésitent à s’engager dans l’industrie aéronautique mais nous en trouverons pour les deux ensembles qui sont en train de se construire en France et en Allemagne. Par ailleurs, les négociations se poursuivent avec Daher pour Socata (Tarbes), Diehl et Thalès pour le site de Laupheim et GKN pour Filton. Les montages financiers sont difficiles à trouver, comme cela a été le cas pour Latécoère« , a-t-il observé.
Le programme Zéphyr de vente des sites est l’un des principaux volets du plan d’économie et de restructuration Power 8, annoncé le 28 février 2007. Ce plan prévoit la suppression de 10.000 emplois chez l’avionneur européen et doit générer une économie cumulée d’environ cinq milliards d’euros de trésorerie d’ici 2010.
Les présidents du conseil régional de Midi-Pyrénées, du conseil général de la Haute-Garonne et de la communauté d’agglomération, ont estimé, mardi, que le fonds de 75 millions d’euros d’aide à la filière aéronautique « ne répond pas aux problèmes » de ce secteur.
Ce fonds « ne constitue pas une réponse aux problèmes posés à la filière » et il sera « insuffisant dans son montant », ont affirmé les élus socialistes Martin Malvy, Pierre Izard et Pierre Cohen dans un communiqué commun.
« Depuis plusieurs mois, nous réclamons la mise en place d’une structure permanente d’observation des situations industrielles et d’orientation des politiques à mettre en oeuvre pour conforter les entreprises et l’emploi aéronautique », ont-ils rappelé.
« Les succès commerciaux remportés par Airbus (…) ne doivent en effet pas dissimuler la réalité, dans un contexte particulièrement défavorable en termes de rapport des changes », ont-ils ajouté.
Ces responsables politiques se sont aussi inquiétés du « risque auquel beaucoup pensent », de se retrouver « dans les mois qui viennent » avec « un secteur aéronautique bien portant pour ce qui est de la vente des avions, mais malade en terme d’activité et donc d’emploi sur le territoire national pour cause de délocalisations vers les pays à bas coût ou hors zone euro ».
Sources : Reuters, AP, AFP
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Ce fonds est une aubaine pour la filière aéronautique mais comme l’indique les élus c’est d’un pilotage stratégique de la Région dont les PME ont besoin afin d’estimer les opportunités de demain.
C’est une question d’Etat stratège qui se décline au niveau de la Région. Il est primordial d’aider ses PME à affronter les marchés de demain pour cela il existe l’intelligence économique qui me semble un outil de performance et d’avantage compétitif.
IE Love PME